Focus sur Le Temps d’Une Valse et Topo(s) : deux initiatives mêlant danse, paysage et habitants de tous les âges !
© Benjamin Rullier
Partout en France, à l’initiative de collectivités territoriales, d'acteurs artistiques et/ou associatifs, des projets artistiques se développent à l'échelle d'un territoire.
L’art et la culture y sont envisagés comme des vecteurs de convivialité et de liens entre les habitants. Chacun est perçu comme porteur d'une culture et apportant sa contribution à la vie culturelle de son territoire.
Notre veille nous a permis de repérer certaines initiatives auxquelles les personnes âgées, quels que soient leur lieu de vie et leur état de santé, sont pleinement intégrées et exercent leurs droits culturels, au même titre que les enfants.
Dans cet article, nous proposons un focus sur deux projets nés de la coopération entre des artistes, des Ehpad, des services d'aide à domicile, des jeunes retraités... et les autres habitants du village ou du département.
Des paysages, de la danse et des personnes âgées
« L’idée est pour moi de sillonner à pied les routes des Deux-Sèvres qui me conduiront vers des personnes âgées seules ou isolées à qui je proposerai de partager une danse, en les invitant à danser avec moi une valse, ou bien, en dansant pour eux « le temps d’une valse ».
C'est avec ces mots que Sophie Lenfant, chorégraphe de la Cie Aléa Cita présente les intentions simples et claires du projet.
© Cie Aléa Citta
Associant les personnes âgées vivant à domicile à une démarche à la fois artistique et humaine, Le Temps d’une Valse convoque la danse, la marche, la rencontre…
Entre 2017 et 2019, au cours de résidences annuelles d’une dizaine de jours, Sophie Lenfant a parcouru à pied le département des Deux-Sèvres accompagnée du réalisateur Romain Saudubois.
Ils ont frappé à la porte de 17 foyers. Autour d’un café ou depuis le canapé du salon, la danseuse propose à chacun de ses hôtes une discussion, une danse. De cette expérience est né un film Le Temps d’une Valse qui raconte, de manière sensible, la profondeur des échanges, la valeur de la rencontre mais aussi les respirations de l’artiste au fil des saisons et des paysages.
Au cours de ces semaines de présence sur les chemins des Deux Sèvres, Sophie Lenfant a également mené, des temps de pratique de la danse avec plusieurs groupes de seniors participant à des ateliers de gym douce hebdomadaires.
Enfin, cette expérience a mobilisé de nombreux partenaires, opérationnels et financiers, investis sur les différents temps du projet : des services d’aides à domicile, des associations de malades, des collectivités territoriales, des associations culturelles et des partenaires privés.
La coopération entre ces acteurs a permis de faire exister un projet ambitieux qui continue à vivre grâce au film, régulièrement diffusé en France, et à son prolongement Le Grand Tour de Valse, proposition d’un bal pour « danser à tout âge… chacun à sa manière ».
Une agglomération, ses habitants et des artistes
Même s’ils n’en sont pas le seuls acteurs, les personnes âgée impriment leur présence au cœur de Topo(s) dont la deuxième édition vient de s’achever.
Initié par Clisson Sèvre et Maine Agglo, Topo(s) entraîne les habitants vers une découverte de la danse contemporaine en lien avec le paysage à travers des ateliers de pratique, des résidences artistiques, des représentations…
Pendant une année, Topo(s) a embarqué 140 scolaires, les élèves de deux écoles de musique et d'une école de danse, des associations, des bénévoles… Mais aussi, les habitants de trois Ehpad qui ont accueilli la Cie Yvann Alexandre en résidence dans le cadre de la création de Circulation, une courte forme chorégraphique pour trois danseurs.
© Benjamin Rullier
Les élèves d’une classe de CE2 ont dansé avec les danseurs de la compagnie et les résidents. Des « bulles de bien être » ont régulièrement permis aux membres du personnel de se mettre en mouvement. La compagnie a également proposé à tous les habitants des établissements (résidents, familles et professionnels) de prendre la pose avec les danseurs pour des portraits photographiques croisés.
En même temps, un groupe de seniors a participé à un atelier de danse contemporaine hebdomadaire mené par la chorégraphe Meritxell Checa Cie Wilky-Troc. En allant puiser dans leurs souvenirs et en revivant Mai 68 avec leur regard d’aujourd’hui, les participants «qui ont tous plus de 70 ans », ont créé « Les sauvages 68 », un spectacle qui fait « vibrer les corps matures ».
© Benjamin Rullier
Le projet s’est achevé par deux jours au cours desquels tous les participants se sont donnés rendez-vous pour des restitutions. Une programmation de spectacles était également proposée. Parmi les autres spectateurs, on pouvait compter plus de 20 résidents de 3 Ehpad.
Aline Honoré, coordinatrice d'animation des Ehpad souligne
« Cette présence des résidents est épatante, car c'est prendre le temps, un temps différent, qui se détache des habitudes. Certains sont même demeurés tard et se sont surpris à avoir envie de rester dans un champ, un soir de juin ! »
© Benjamin Rullier
Enfin, le projet est magnifiquement documenté, par Benjamin Rullier qui a suivi, écrit et photographié les étapes de création des artistes et les rencontres avec les habitants. Les épisodes de cette expérience à grande échelle sont à voir et à lire sur le site web Topo(s)
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